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Anéantir – Michel Houellebeck

Anéantir – Michel Houellbecq. Je suis anéanti… Poussé par un certain masochisme je suis en effet parvenu au bout du « dernier Houellebecq dont on parle » – vieux de déjà quelques années – histoire de savoir de quoi on parle justement…

En tant qu’auteur je sais bien que la qualité littéraire n’a rien à voir avec le succès d’un ouvrage, celui-ci dépendant exclusivement de la notoriété de l’écrivain au sein du « sérail » et des moyens marketing concédés par les éditeurs. Investir plus pour gagner plus ! Publié en 2022, c’est un pavé cartonné de plus de 750 pages dont le premier tirage s’élève à 300.000 exemplaires. A part quelques critiques négatives, c’est évidement un concert d’éloges dans la presse et les réseaux ainsi que chez des lecteurs enthousiastes (qui ont surtout eu peur de ne pas avoir compris quelque-chose). A moins que se sentant floués par le prix de leur acquisition ils n’aient décidé d’en faire louange pour ne pas être les seuls à s’être fait abuser…

Il s’agit en effet d’un de ces romans, pas vraiment désagréables à lire, mais dont on ne retient rien comme la plupart de la production de l’auteur. A l’exception peut-être de son « Soumission » mais il est vrai que j’avais lu ce livre à l’hôpital, lors de navrantes mises à jour et qu’il m’était impossible de me sauver. Sans compter que les médias de grands chemins ne cessaient de nous saouler à propos de ce « grand remplacement », sur une base quotidienne, ce qui ne faisait qu’aviver au sein du public l’angoisse de ce « terrible péril ».

A moins que ce ne soit l’effet, et pour rester dans le monde carcéral, de l’amenuisement des pages de droite au profit des pages de gauche, pour pouvoir clamer « je l’ai fait ! », comme le détenu qui voit approcher la date de sa liberté conditionnelle…

Le style de l’auteur fétide.

En fait, seule la dernière partie (7…) présente un intérêt, les 4/5 du début étant inutiles. On a même l’impression qu’il s’agit d’un bout à bout de plusieurs histoires inachevées, pour faire volume, d’ébauches issues d’époques et peut-être d’auteurs différents. Après tout, même le métis Alexandre Dumas faisait travailler des « nègres »… Peu ou pas d’histoire. Le monde de la politique lors d’élections décisives (comme par hasard) avec des digressions par des services secrets fumeux et des menaces d’attentats auxquels on ne croit pas, par manque de détails, de hacking invraisemblable sans qu’on ne sache jamais exécuté ni commandité par qui ni d’ailleurs par quels moyens, jusqu’à de rocambolesques détours par les pentagrammes et le satanisme ! Tant qu’à faire. Le tout noyé dans une faune trop nombreuse où je me suis perdu, sans doute à cause de l’inconsistance de ces personnages.

Comme toujours, on nage dans un mélange de fiction et de réalité avec des personnages « à clef » facilement identifiables (l’une des clés du succès) dans ce petit monde politique et littéraire parisiens des coachs et autres attachées de presse. Notament, pour on ne sait quels avantages fiscaux, un ministre des finances qui n’est autre que le « dilaté comme jamais », un certain « Nono le rigolo », celui qui a le temps de signer des romans cochons (publiés dans la collection blanche de Gallimard – Si) et qui est enduit de tellement de vertus et de louanges à grands coups de langue que cela en est agaçant pour toutes celles et ceux qui ne sont pas adeptes de la politique du renflement brun… Un Brunolingus qui finira d’ailleurs par provoquer chez le héros un cancer de la bouche.

Cette fois, pas de « thèse », pas de critique sociologique inoubliable : c’est semble-t-il un roman sur la fin de vie. Le temps passe : on se poserait des questions, Michel ? C’est documenté : mais c’est un reportage, pas de la littérature. Difficile en effet d’oublier les histoires d’un « Bel Ami » de Maupassant, « des souris et des hommes » de Steinbeck, de « 37,2 le matin » de Djian ou encore du « vaisseau des morts » de Traven ou des livres de Fante par exemple. Mais pour ça il faut du talent. Sans parler de Charles Bukowski qui n’était pourtant pas non plus un parangon de bonne présentation en société : un vieux dégueulasse mais qui avait de la mémoire et écrivait des récits alcoolisés qu’on n’oublie pas.

Le marketing ne fait pas tout : il advient parfois que l’argent n’ait pas d’auteur !

 

Publié le Mai 21, 2024

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